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La peur de la récidive

Aujourd’hui, ça fait 7 ans que je me bats contre ce cancer. 7 ans que j’effectue ces contrôles de suivis chaque 3 mois.

J’ai terminé mes séances de radiothérapie, il y a maintenant 6 mois. J’ai eu mon premier contrôle post-traitement en novembre dernier (3 mois après les traitements). C’est la première fois en 7 ans que j’ai une bonne nouvelle, les résultats ont été très positifs, rien à signaler de la maladie sur les images du Pet-Scan. Youhou c’est génial ! Mais pour moi ce n’est pas suffisant. Il est beaucoup trop tôt pour en être sûr.

Mon prochain rendez-vous est fixé à la semaine prochaine. Dans quelques jours, je saurais si les traitements ont réellement fonctionné et si mon corps est toujours guéri. 

La récidive c’est la réapparition de la maladie

Je ne vous dis pas le stress, les angoisses, les doutes et la peur que je ressens à longueur de journée. 

Dans ma tête c’est le gros brouillard. Il y a tellement de questions qui me tourmentent auxquelles je n’ai aucune réponse. Aucune.

Et si la maladie était de retour ? Qu’est-ce que je vais faire ? Que va-t-il se passer ? Est-ce que je vais avoir assez d’énergie pour continuer ? J’ai déjà essayé 2 traitements de chimiothérapies différentes et un traitement de radiothérapie, je me demande bien qu’est-ce qu’on va me proposer cette fois-ci ? Je ne le saurais pas avant le rendez-vous avec le médecin. Je sais que ça ne sert à rien de ruminer là-dessus avant d’arriver au jour J mais je ne peux m’empêcher de le faire. 

Ca fait tellement longtemps que je vis cette situation, que je me demande pourquoi cette fois ça serait différent ? J’ai beau faire la liste de toutes les choses positives que j’ai faites et expérimentées pour mettre toutes mes chances de mon côté afin de me rassurer mais c’est beaucoup plus fort que moi. 

Tout ce que j’entends autour de moi c’est : “Ne t’inquiètes pas, ça va aller” – “Aies confiance ! “, “Il n’y pas de raison que cette fois..” Et si ce n’était pas le cas ? Comment pouvez-vous le savoir ?!
Pour être honnête, ça ne me rassure pas, rien ne peut me rassurer.
C’est plus facile à dire qu’à le faire. Je suis toute seule avec mes pensées et mes questionnements. Personne ne peut réellement m’aider à ce niveau là, à part moi. C’est entre moi et mon cerveau que ça se joue. 

Mes outils

J’ai une multitude d’outils à disposition pour me faire du bien et me détendre en cas de panique comme :

  • La méditation
  • Faire du sport 
  • Aller me balader en nature
  • Allez voir des copines 
  • Ecrire ce que je ressens pour m’en libérer
  • Dessiner
  • Prendre rendez-vous chez un thérapeute (acupuncture, massage…)
  • Garder confiance

Mais quand je suis au cœur de mes angoisses, rien n’y fait ! Entre la théorie et la pratique, il y a tout un monde. 

J’ai aussi peur d’avoir trop confiance et de rester positive car si mes résultats sont malheureusement négatifs et que la maladie est de retour, je serais encore plus déçue. Je n’ai pas envie de tomber de trop haut non plus, tu vois ce que je veux dire ? On m’a toujours dit qu’il ne fallait pas trop se réjouir en avance et c’est exactement le cas. Du coup, je ne sais plus quoi penser… Rester positive et y croire ? Me préparer à l’éventualité d’une récidive ? C’est un dialogue intérieur très dur à gérer ! J’en ai mal à la tête.


J’ai aussi le sentiment que ça va bien au-delà de ma conscience. 

J’ai lu beaucoup de livres sur la mémoire du corps. Comme par exemple : “Votre corps à une mémoire” de Myriam Brousse ou des théories scientifiques sur la mémoire cellulaire qui sont très intéressantes ! J’ai l’impression que c’est un peu le cas pour moi en ce moment.
Enfin, c’est comme ça que j’essaie de me rassurer un peu.

J’ai plusieurs petits symptômes qui me font penser que la maladie est de retour ! Impossible de penser autrement. J’essaie de me persuader que mon cerveau et mon corps me jouent un mauvais tour. Cela fait 7 ans que mon corps a enregistré les symptômes et les émotions en lien avec ces contrôles. Le plus perturbant, c’est que j’effectue ces contrôles très souvent dans les mêmes dates. Chaque année, j’ai un rendez-vous en novembre et en février… Même s’il y avait des explications logiques derrière tout ça, disons que ça ne m’aide pas du tout à relativiser. Tout devient une obsession. Je peux avoir mal aux genoux et me dire “Oh non, c’est le cancer!”. – Tais toi petit cerveau stp!!

Je me demande si un jour je vais être tranquille et en paix !? Est-ce que je vais vivre ça avant chaque rendez-vous ? Help.

Une ancienne patiente m’a un peu rassurée en me disant qu’avec le temps ces pensées vont s’estomper mais que pour être honnête, il y aura toujours des moments de doutes, même des années après la rémission. 
Avec la maladie, on devient un peu parano pour tout et pour rien et malheureusement, c’est le moment où on est le moins suivi et pris en charge. Dès qu’on a fini les traitements, on rentre à la maison et on attend les prochains rendez-vous de contrôle. On est censé reprendre une vie “normale”. 
Pour moi, le système médical ne se rend pas compte de l’état psychologique dans lequel cette épreuve nous laisse. 

Et si la maladie est de retour ?

Sincèrement, je ne sais pas comment je réagirai. D’un côté, je me dis que j’ai l’habitude maintenant, que si je vais devoir me faire opérer à nouveau, je sais que tout ira bien, je connais la marche à suivre et j’ai tous les outils pour me remettre sur pied le mieux possible. Même si c’est pénible à vivre, j’ai toutes les ressources nécessaires pour surmonter cette épreuve.

Mais d’un autre côté, j’ai la sensation que je ne vais plus réussir à me battre. Je suis tellement fatiguée psychologiquement que je me demande où est ma limite. Je sens que j’en suis très proche et c’est ce qui me fait le plus peur.
Je n’ai plus la force d’essayer un nouveau traitement et de revivre toutes les épreuves difficiles sans vraiment savoir si c’est le bon. D’être une nouvelle fois confrontée aux oncologues, aux infirmières, aux batteries d’examens que je vais devoir faire, aux prises de sang, aux effets secondaires du protocole X… J’en ai assez.
Franchement, j’arrive au bout de mon énergie et pour moi c’est ce qui me fait le plus angoissée.
« Quel proche sera encore présent ? », « Tous mes projets seront encore une fois mis de côté », « Qu’est-ce que je vais encore perdre en chemin? »,  » Quand vais-je être libre ?! ».

Mon cerveau fulmine et mon cœur se serre à chaque pensée.


Conseil si tu te sens concerné

Dans ces moment là, il est super important de s’entourer de personnes qui peuvent te comprendre et te soutenir. D’oser en parler autour de toi et de contacter des groupes de soutien en lien avec d’autres personnes qui traversent ces mêmes étapes. Il existe des psycho-oncologue qui peuvent peut-être t’apporter des outils afin de moins appréhender ces situations…

Pour ma part, j’essaie de m’occuper le plus possible pour moins y penser. Je m’entoure de personnes positives et qui me font rire pour mettre un peu de légèreté avant mon rendez-vous. Je vais aller aux bains pour me détendre un peu et pratiquer la méditation dès que j’en aurais l’occasion. Le plus dur est d’essayer de ne pas nourrir mes mauvaises pensées. Lets’ do it.

En tout cas, ça m’aide un petit peu et c’est déjà bien 🙂 

Encore une semaine avant d’être fixée! – “Courage, tout va bien se passer”- « On garde confiance ! »

Et vous, quels sont vos outils pour ne pas trop paniquer avant vos contrôles ? 


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