S’aimer même avec un cancer
Partie1. Que veut dire s’aimer lorsqu’on est atteint d’un cancer ?
Je souhaite faire un résumé du livre « S’aimer même avec un cancer » de la collection « ET si on allait mieux » en rajoutant mon expérience personnelle, avis et commentaires, car c’est un sujet qui me touche particulièrement et que j’ai envie de partager autour de moi, tant son importance.
Ce livre m’a fait sens du début à la fin. Depuis quelques années maintenant, j’essaie d’appliquer cette autocompassion envers moi-même, chose pas toujours évidente je dois l’admettre mais qui a été tellement bénéfique dans mon chemin de guérison. C’est un message que je souhaite transmettre avec force à toutes les personnes touchées par la maladie.
Dès l’annonce d’un diagnostic d’un cancer, la maladie vient s’inscrire non pas seulement dans un corps mais dans le cours d’une vie. Les conséquences globales du cancer vont toucher un grand nombre de facteurs de l’image de soi. Un malaise, une honte, une culpabilité s’installe comme une perte de contrôle de son propre corps, comme si on avait échoué à quelque part et que l’ont n’avait pas fait suffisamment attention à soi. (C’est souvent ce que la société et l’entourage nous renvoie comme image).
La honte fait partie des sentiments exprimés qui a tendance à nous renfermer sur nous-même, augmentant notre sentiment de solitude. Une partie de nous, vivons le cancer comme une punition (une légende raconte que la maladie grave n’atteindrait que les personnes qui ont mal agi). J’ai souvent entendu, de moi aussi d’ailleurs ; « Je me suis demandé ce que j’avais pu faire pour mériter ça ».
La culpabilité pointe le bout de son nez aussi avec des ; « J’aurais dû faire ceci « , « Je n’ai pas fait assez attention à ça… »
Les difficultés découlant de l’annonce d’un cancer sont nombreuses ; restrictions des activités, changement d’apparence (chute des cheveux, prise de poids…), évolutions des liens sociaux, surcharge émotionnelle… Tant de facteurs ayant des répercussions sur l’image que l’on a de soi pouvant engendrer des sentiments de mal-être; « Je ne me reconnais plus », « Je me sens comme une étrangère dans mon corps », « Mon corps est devenu mon ennemi ».
Alors pourquoi est-il si important de ressentir de la compassion pour soi-même dans une telle épreuve ?
S’aimer même dans l’adversité
On l’a compris, le cancer complique la vie quotidienne de toutes les personnes qui le traverse, altère l’image de soi, oblige à se mettre en pause et à regarder ce qu’il se passe sans toujours avoir le contrôle ni même recevoir les réponses à nos questions. On va pas se mentir, nous sommes quand même face à la mort.
Que signifie s’aimer ?
S’aimer dans l’adversité, c’est l’idée de ne pas s’en rajouter en se montrant trop dur envers soi-même alors que l’on souffre déjà bien assez, c’est prendre ce temps dont le corps dans son ensemble (physique, mental et émotionnel) a besoin pour accueillir cet évènement bouleversant que représente le cancer.
S’aimer signifie s’accepter comme on est, avec tous ses défauts et se les approprier. C’est l’idée de traverser les épreuves avec d’avantages de douceur envers soi-même et prendre soin de soi.
Prendre soin de soi, c’est avant toute chose, s’écouter, c’est se contenter de faire ce qu’il nous est possible de faire dans l’instant, ne pas se mettre la pression en assumant trop de charges, se reposer avant d’être trop fatigué.
C’est se mettre en priorité, non pas par égoïsme mais pour s’accorder du temps nécessaire pour développer un attachement à soi-même et à ses intérêts et besoins, pour aussi mieux penser aux autres ensuite. Lorsqu’on se sent mieux avec soi, on projette aussi moins sur les autres. C’est tout un art mais cela fait sens.
Alors comment s’aimer dans cette épreuve ?
La théorie est toujours plus facile que la pratique, je te l’accorde. C’est sûrement une expérience de toute une vie et je sais de quoi je parle.
- Le premier pas vers l’autocompassion : L’acceptation
Comment accepter d’être tombé malade du jour au lendemain ?
Est-il vraiment possible d’accepter le cancer ?
Il est difficile pour notre cerveau d’accepter de vivre avec l’incertitude et de tolérer l’inconfort de toutes les conséquences de cette maladie et des questions sans réponses que nous avons.
Face à toutes ces formes de souffrance, la plupart du temps, notre réaction automatique est plutôt de lutter, résister ou tenter de s’échapper de tout ce qui fait mal. C’est pourquoi, nous pouvons passer par différentes phases comme la déni, la frustration, l’incompréhension, la colère… et tu sais quoi ? C’est complètement légitime, il n’y a pas de honte à ça.
On est d’accord, il semble difficile d’accepter l’inacceptable.
Qu’est-ce que l’acceptation ?
Accepter ne signifie pas ne rien faire. Au contraire, il s’agit en fait d’une démarche active et engagée. Accepter c’est aller au contact, rechercher ce qui est douloureux et ce qui nous fait peur.
Accepter de vivre cette épreuve du cancer ce n’est pas forcément accepter le cancer en lui-même mais plutôt accepter :
- De vivre dans l’incertitude et ne pas avoir toutes les réponses à nos questions.
- De vivre avec des séquelles et douleurs physiques un temps voir toute une vie.
- D’être vulnérable et d’oser demander de l’aide si besoin.
En résumé, c’est soit je peux lutter chaque jour contre ce qu’il m’arrive et dépenser une énergie folle à tenir à distance cette maladie ou soit je peux lui faire une place dans ma vie et continuer d’avancer afin de trouver les ressources nécessaires pour en guérir.
Comment ?
Faire un pas vers l’acceptation implique dans un premier temps de se tourner vers ma difficulté, de m’intéresser à elle, d’accueillir sa présence, de prendre le temps de l’observer. Ce qui va m’engager à me renseigner sur ce qui m’arrive et à me permettre de mettre en place toutes les démarches possibles pour commencer un processus de guérison.
Sur le chemin de l’acceptation, après la curiosité, vient la tolérance.
Entrer en contact avec ce qui me fait souffrir, demande beaucoup de courage et de force, c’est un pas énorme et pourtant si nécessaire (j’ai bien évidement été accompagnée pour le traverser).
Car oui, je ne peux venir soulager ou apaiser une souffrance si je ne me tourne pas vers elle pour l’entendre, l’accueillir et la comprendre.
C’est observer cette part de moi qui souffre, sans la juger, sans la contrôler en étant juste présente à ce qui est là maintenant.
J’ai appris aussi à ne pas m’identifier à cette partie de moi. Je ne suis pas la maladie, je ne suis pas cette souffrance mais c’est un état que je ressens en conséquence à tout ce qui m’arrive. Elle est légitime d’exister, d’avoir sa place dans l’histoire.
Donc le premier mouvement pour faire preuve d’autocompassion, que ce soit envers soi ou envers les autres, c’est accepter ce qui est douloureux et ce qui fait mal.
Une première étape tant difficile que cruciale pour passer à la prochaine étape du processus afin de développer cette autocompassion.
Je décrirai la suite dans une second article. Je te laisse déjà voir ce que ces mots ont pu résonner en toi et prendre le temps de le ressentir et l’intégrer.