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La positivité toxique dans la maladie 🙂

“ Tu verras ça va aller “ – “Ne te fais pas trop de souci, tout va bien se passer” – “ Fais confiance, je suis sûr que ça ira” 

Toutes ces phrases positives et remplies d’optimisme, je les ai entendues des millions de fois par toutes les personnes qui m’entourent. Au fond, je sais qu’ils essayent de me remonter le moral et de me rassurer comme ils peuvent malgré leur impuissance face à la situation mais malheureusement, ce n’est pas toujours ce dont j’ai besoin.

“La positivité toxique est la croyance selon laquelle on doit toujours rester positif, peu importe les émotions négatives et les épreuves que l’on vit.”

Personnellement, je pars du principe qu’il faut rester positif quoiqu’il arrive et tirer le meilleur dans chaque situation, d’ailleurs c’est grâce à cet état d’esprit que je suis plus en forme que jamais après tout ce par quoi je suis passée. J’ai même suivi une formation sur la psychologie positive pour m’accompagner pendant mon combat contre la maladie.
La positivité et l’optimisme sont devenues mes plus grandes forces mais je trouve qu’en excès elle peut devenir toxique. 

Sans rentrer dans les études scientifiques, les chiffres, les preuves… je pense qu’on peut être d’accord sur le fait qu’être positif, optimiste, plein d’espoir et de bonne humeur peut avoir un impact important sur sa qualité de vie, qu’importe la situation ou le problème à résoudre. Mais jusqu’à quelle dose ?

J’aimerai partager quelques exemples à travers mon histoire :

Les traitements de chimiothérapie

Il existe une panoplie de conseils pour diminuer les effets secondaires des traitements et augmenter son énergie, dieu merci.. mais la réalité c’est qu’on y passe quand même, qu’on se le dise, ce n’est pas rien comme épreuve. Bien sûr qu’on réagit tous différemment, chacun ses forces, ses qualités, sa résistance face à la douleur et aux réactions corporels, mais malgré tout, ce n’est pas de tout repos. On vomit, on dort mal, on perd ses cheveux, il y a des douleurs musculaires, on perd le goût des choses, on a peur de mourir, on ne sait plus qui on est…

 » Ne t’inquiète pas, je suis sûre que tout va bien se passer »,  » Tu vas y arriver! »
C’est comme si on voulait m’emballer dans du papier bulle pour me protéger de ce que j’allais vivre mais du coup je n’y étais pas vraiment préparée et quand je suis arrivée au cœur du sujet, je me suis bien cassé la figure. Je crois que le plus dur à gérer à été l’effet de surprise – “ Ah c’est donc ça les effets de la chimiothérapie…”

J’aurais voulu qu’on me prévienne un peu plus de ce qu’il allait se passer, j’aurais voulu savoir que ça allait être dur, qu’il y allait avoir des hauts et des bas, des moments de peur, de doute, de grosse fatigue, de colère, que j’allais avoir mal, que j’allais perdre des amis en route, mon travail… mais non, personne ne m’avait prévenu des dégâts que ça allait faire dans ma vie.
Ce qui m’a beaucoup aidé, c’est de lire des livres et des témoignages d’autres personnes ayant traversé la maladie pour m’en faire un peu une idée. Merci à elles d’ailleurs. Mais je n’avais rencontré personne en vrai pour en discuter de vive voix. – “ah toi aussi tu as vécu ça ?” “As-tu ressenti ça comme effet ? ah c’est normal alors, ouf…!”. 

Alors maintenant, quand je rencontre quelqu’un qui va commencer un traitement de chimiothérapie, radiothérapie ou autre, je ne peux m’empêcher d’être complètement honnête et de lui dire “Tu vas en chier”, “ça va être dur par moment”, “il y a aura des moments très difficiles”, “tu vas sûrement avoir ça comme effet…”mais ne t’inquiète pas, ça va aller :)”. Car c’est sûrement ce qu’il va se passer et au mieux, la personne sera surprise de constater par la suite que ça n’a pas été si difficile que ça mais au moins elle a été prévenue. Et qui de mieux placé qu’une personne qui a traversé ces épreuves là pour en témoigner ?

Oui ça va bien

De toujours répondre “ Oui ça va “ quand on me demandait comment j’allais, m’aider sûrement à y croire moi-même. Je me disais que si je n’allais pas bien et que j’étais négative, je n’allais pas aider mon corps à guérir. C’était très culpabilisant.

Je répondais aussi souvent “Oui tout va bien” pour ne pas inquiéter les autres. Pour leur montrer que je gérais la situation et que tout irait pour le mieux. Car pour être honnête, les seules fois où j’ai avoué à mes proches, que non ça n’allait pas… je n’ai vu que l’impuissance dans leurs yeux et n’ai eu que des bégaiements pour réponse…
On a tellement pris l’habitude de dire “oui ça va” par automatisme que quand on donne une autre réponse, l’humain se sent complètement perdu… Alors je continuais de dire que j’allais bien. 

Je n’osais pas me plaindre, aussi, par peur de déranger. Je pensais que les gens ne pouvaient, soit pas me comprendre, soit on en n’avait rien à faire. Tout le monde a son lot de problèmes à gérer, je ne voulais pas en rajouter pour ne pas embêter mes proches avec mes soucis. J’avais honte de me sentir mal, est-ce que c’est normal ça ?

Quand j’avais peur avant une opération on me disait toujours “ Ne t’inquiètes pas, ça va aller ?” Et si ça n’allait pas ? Et s’il se passait quelque chose…? Si je ne me réveillais pas, et si je mourrais ? Qu’est-ce que mon entourage en savait ?Je ne suis pas spéciale, cette situation peut très bien m’arriver et je voulais être sûr que mes proches en ait conscience.
Sans être pessimiste mais juste réaliste, je pense qu’il est important d’être préparé un minimum à n’importe quelle situation pour pouvoir y réagir le mieux possible.  Mais personne autour de moi ne voulait l’entendre et en parler. 

Je crois que tout le monde préférait rester dans le déni pour se protéger qu’être réellement à l’écoute de mes émotions et de mes ressentis. Je me suis donc retrouvée souvent très seule avec mes questions, mes doutes, mes peurs… “ Allô vous m’entendez ?” 

Plus le temps passe et moins j’ose en parler.

Aujourd’hui, après 7 ans de parcours, j’ai l’impression de devenir rébarbative, -« c’est toujours la même chose avec Laurène »-. Mon entourage connaisse mon histoire et ne savent plus comment m’aider. Je n’ose plus leur en parler et leur dire que je ne vais pas très bien tellement que je n’ai pas envie de répéter les mêmes discours, les mêmes réflexions que j’ai à chaque fois avant mes contrôles (par exemple). Alors je fais comme si tout était normal pour ne pas les déranger. Et de toute façon pour entendre un « ça va aller » ou des « tu as l’habitude maintenant, tu va gérer » autant ne rien dire et rester positive. Je sais que je suis connue pour être toujours de bonne humeur et je vois que finalement ça arrange bien mes proches.

Mais du coup, « Avec qui je peux me plaindre sans culpabiliser? », « Est-ce que j’ai le droit de péter un câble sans qu’on me dise rien ? ».


Mon conseil si tu te sens concerné

C’est important de faire comprendre à tes proches que tu as besoin de dire que ça ne va pas bien, que tu as peur, que tu doutes sans qu’ils aient besoin de répondre quoique ce soit, mais qu’ils soient juste là pour t’écouter et t’épauler. Demande leur d’être juste en présence dans la bienveillance quand tu sens le besoin de te plaindre. Sans forcément avoir un retour de leur part.

L’entourage se sent complètement impuissant dans ces situations. C’est toi qui le vit. Ils ne savent pas par quoi tu vas passer et comment te rassurer, c’est tout à fait normal. Soyons aussi bienveillants envers eux.

Ce qui m’a vraiment aidé, c’est de prendre contact avec d’autres personnes malades ou en rémission car ça vaut tout l’or et les théories du monde ! Merci les groupes de soutien, qui sont justement là pour ça <3
Au travers de leur expérience personnelle, ces personnes peuvent t’aider à te préparer le mieux possible et t’expliquer par quoi tu vas potentiellement passer.
C’est un cadeau de pouvoir se plaindre de ce qui t’arrives auprès de personnes qui ne peuvent que comprendre et sans jugement !

Je te souhaite de trouver des personnes autours de toi à l’écoute et réceptives quand tu auras besoin de t’exprimer sur des sujets peut-être moins positifs. Autorises-toi à vivre toutes tes émotions et d’oser dire quand tu ne vas pas bien.

Tu peux aussi écrire dans un journal tout ce que tu ressens pour t’en libérer. (j’ai écris quelque chose sur l’écriture’thérapie ici !).

Sinon un livre qui m’a aussi beaucoup apporté sur ce sujet c’est : « Le piège du bonheur » de Russ Harris.

“N’oublions pas que pour voir un arc-en-ciel, il faut de la pluie et du soleil 🙂 “


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